L'Avenir... du passé ?
Gentes dames, gentils damoiseaux, oyez, oyez, le tout nouvel organe de propagande municipale sorti droit… des années 1900 ! Dès la Une de ce 4 pages aux couleurs défraîchies, surannées, donnant un petit goût de souvenir, le plongeon est immédiat !
Deux blasons médiévaux, tout d’abord, moches, de sinople à la croix d’hermine, ornent le titre d’un journal qui prétend nous parler d’avenir… Mais voilà, dans un encadré qui annoncerait un article à venir plus loin dans un journal digne de ce nom (ne le cherchez pas, cet article argumenté n’existe pas !), on vous explique que le blason des gisants du Prieuré est le vrai drapeau de Dinard puisqu’il fut adopté en 1905 ! Alors tenez-vous-le pour dit, il remplacera désormais le drapeau de l’ours, même si ce dernier était résolument plus moderne, plus beau, voire plus républicain qu’un blason figurant dans les vitraux d’une église de la ville et allant ainsi à l’encontre de toute notion de laïcité…
L’on vous justifie ensuite le titre donné à cet opuscule, sobrement et modestement estimé « merveilleusement choisi » par l’un des deux rédacteurs de l’objet, en se référant à deux grandes figures marquantes de l’histoire de Dinard : le comte Joseph Rochaïd et le maire Paul Crolard. Vous voilà de nouveau happés vers les premières années du XXe siècle. L’artifice est révélé en fin d’article. Il s’agit d’en appeler au parrainage des grands bâtisseurs de la ville. Le parallèle se veut donc évident entre ces deux figures d’outre-tombe et le maire actuel, tous trois visionnaires et bâtisseurs, en faisant une impasse volontaire et remarquée sur Yvon Bourges (jugé trop archaïque – sic) et surtout Marius Mallet (dont il s’agit de nier et de détruire peu à peu tout l’héritage)… C’est pourtant sous l’une des mandatures de ce dernier que de grands travaux de rénovation et d’embellissement de la ville furent réalisés (un exemple parmi d’autres, la réfection totale de la place du marché et des halles), et que s’était conclu le projet architectural du quartier de la gare que Mme le Maire – en grand bâtisseur sans doute – s’obstine à ne pas vouloir faire aboutir, privant Dinard d’une source de revenus nécessaires…
Enfin pour cette Une, un petit article évoquant la cérémonie de commémoration du 18 juin dernier pourrait être très bien s’il n’y avait pas cette troisième et dernière phrase, gratuite et revancharde à souhait : « De l’avis d’un spectateur, il faut remonter à de nombreuses années pour retrouver autant de solennité ». Mme le Maire, vous n’êtes plus en campagne !!! Qui cela intéresse-t-il ? Quand cesserez-vous ces enfantillages indignes de la première édile d’une commune et dont les dinardais sont lassés ? Comment être aussi puéril à propos d’une commémoration en appelant aux notions de partage, de courage, d’honneur, de patrie unifiée, … ?
Premier des deux grands articles annoncés ensuite, un bilan est fait de la grande réunion publique du 25 juin 2015. Vous y trouverez un exemple développé d’autosatisfaction et d’autocongratulation, au risque de trahir – parfois – la vérité… Ainsi, l’on vous annonce qu’il s’agit du quatrième volet de la démocratie participative voulue dans une démarche républicaine. Comme les mots sonnent bien… et quel dommage que la réalité soit toute autre. Réunions de quartiers et comités de pilotage furent un échec sans nom mort dans l’œuf, la permanence du maire est toute relative (deux petites heures le samedi matin, hors vacances scolaires…), et les questions de fin de réunion sentaient peu la spontanéité mais très fort le calibrage propagandiste… Comment peut-on encore affirmer être à l’écoute après avoir ignoré le résultat de trois pétitions, ne pas entendre la grogne des commerçants et s’obstiner dans ses erreurs, seule contre tous : résidants, opposition, journalistes, préfet, et même élus de la majorité !? Comment oser se cacher derrière une situation financière difficile et l’attribuer à l’équipe précédente pour justifier du retard pris dans les projets, et dans le même temps, être passé à côté de toute subvention pour les travaux de sécurisation aux abords du collège, faire des emprunts au nom de la ville pour des broutilles (tablettes numériques et étude de la mise en lumière du front de mer… choses qui existent déjà…), refuser l’apport des 15 millions d’euros d’Eiffage !? C’est vous, Mme le Maire, qui, par vos décisions quotidiennes, placez un peu plus chaque jour Dinard dans une impasse financière ! Le reste n’est que propagande, autosatisfaction aveugle, mensonge. Un exemple éloquent : parler de « fleurissement de la ville », après la campagne d’abattage systématique qui a eu lieu à l’automne, c’est fort, très fort ! De même que la « charte d’embellissement des terrasses »… Non, Mme le Maire, marron et jaune, ce n’est pas beau ! Et ces couleurs qui vous plaisent peut-être ne sont pas représentatives d’une cité balnéaire. Mais voilà, vous avez banni le blanc et le bleu car ils figuraient sur le drapeau de l’ours… Tiens, mais d’ailleurs, c’est peut-être pour ça qu’ils y figuraient, parce qu’il s’agit des couleurs d’une station balnéaire ? Finalement la société bretonne d’héraldique ne fait peut-être pas mal son travail…
Alors non, désolé, mais le « travail d’arrache-pied » que vous prétendez avoir accompli pour améliorer cadre de vie et bien-être n’est visible que dans votre imaginaire…
Page 3, il y aurait tant à dire encore face à la déformation de l’information… Quelques exemples, en bref :
- les voies semi piétonnes sont présentées comme une très bonne expérience, mais les deux propagandistes municipaux oublient de préciser que les ralentisseurs assortis ont envoyé des gens à l’hôpital…
- « Une des missions premières des municipalités est de maîtriser les urgences ! »… Et où étiez-vous lors de l’incendie de l’immeuble La Hautière ?...
- Une boucle pédestre « Lawrence d’Arabie » qui met en valeur le patrimoine paysager dinardais, très bien. Quel dommage que certains passages préexistants aient été élargis inutilement à coups de bulldozer…
Enfin, en page 4, vient le deuxième article d’importance annoncé, relatif au festival international de musique. Tout a déjà été dit sur ce sujet… La mairie renonce enfin à tenter de récupérer l’héritage des saisons précédentes après avoir indignement évincé Kun Woo Paik, c’est une bonne chose. Ramzi Yassa, nouveau directeur artistique et pianiste de moindre envergure ne participera qu’à un seul concert – là où Kun Woo Paik en donnait deux ou trois – pour un montant plus élevé que lors des années précédentes mais il n’est pas de bon ton de le dire puisque des choix raisonnés sont censés avoir permis à Mme le Maire la réalisation d’économies substantielles. Il faut peut-être y comprendre la grande place accordée aux « rising stars », ces jeunes musiciens, certainement prometteurs, mais assurément moins chers que des artistes confirmés… Quoiqu’il en soit, l’édition 2015 sera, à n’en pas douter, exceptionnelle… Reste à voir de quelle manière !
En conclusion, je ferai miens les mots de Mme le Maire dans son encadré politique de fin de journal. « Tout ce qui est excessif est insignifiant ». Vous êtes excessive, Madame, dans vos actes comme dans vos paroles et ce nouvel organe de communication le prouve une fois de plus. La propagande se veut si forte, si dépourvue de nuances, voulant tant laisser croire que tout va bien à Dinard, qu’elle n’en est pas crédible… La preuve en est qu’alors que vous nous annoncez un journal parlant de « l’avenir de Dinard », d’avenir, il n’y est pas question. Vous ne faites que vous y efforcer de justifier des choix passés et des… erreurs de jeunesse, dans un document sentant fort la naphtaline… Le seul avenir que vous nous présentez ici, c’est celui du passé ! Fait de comte du XIXe siècle, de blason médiéval, de revanche à prendre sur 15 ans de lutte dans l’opposition, de couleurs vieillottes pour la ville, de régression de l’activité économique et d’absence d’ambition et de vision pour ce qui ne restera pas éternellement, dans ces conditions, l’un des plus beaux sites marins d’Europe…
Quoiqu’il en soit, merci à MM. Libiot et Firmin pour ce document d’une rare qualité… Mais… M. Libiot n’a-t-il pas été embauché par la ville pour s’occuper des risques psycho-sociaux du personnel communal ? Alors de deux choses l’une ; soit tout risque est désormais écarté, ouf ! soit l’on estime à la mairie que ce tout nouvel ancien journal est de nature à réconforter les employés municipaux. Une chose est sûre, avec des conseillers en communication comme ces deux-là, inutile d’avoir des détracteurs !
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